27 November 2019

2ème Édition des Dialogues de Haut Niveau sur l’Inclusion Financière en Guinée & en Afrique (DIA’FIN) – Remarques d’ouverture de Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée Dr Louncény Nabe

Remarques d’ouverture de Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée, Dr Louncény Nabe

Mercredi, 27 Novembre 2019
2ème Édition des Dialogues de Haut Niveau sur l’Inclusion Financière en Guinée & en Afrique (DIA’FIN)
Conakry, Guinée

Je me réjouis de prendre la parole, au nom des plus hautes autorités de la République de Guinée, en premier lieu, du Chef de l’état le Professeur Alpha Condé pour souhaiter à nos hôtes la cordiale bienvenue en terre africaine de Guinée pour cette table ronde sur l’inclusion financière.

La BCRG éprouve un réel plaisir à créer un cadre d’échanges sur un thème aussi important que l’Inclusion Financière et Entreprenariat des Femmes et des Jeunes.

Cette thématique demeure une priorité pour la Banque Centrale qui entend inscrire son action dans une stratégie d’inclusion financière préconisant un système financier réactif, orienté vers le développement et répondant aux besoins de la population guinéenne qui est à majorité rurale et où plus de 60% des jeunes sont sans emploi (…).

S’inscrivant en droite ligne de ma feuille de route en qualité de président de l’Initiative Africaine des Politiques d’Inclusion Financière (afpi), l’idée de cette table ronde initiée par la BCRG est d’offrir un espace de dialogues entre les différents acteurs de la finance inclusive, dans le but de permettre de dresser un bilan des innovations dans les processus et produits visant à approfondir et à élargir l’inclusion financière, afin qu’elle dépasse la clientèle traditionnelle masculine.

Les échanges permettront aussi de consigner les expériences d’inclusion financière des femmes adultes, des jeunes hommes et des jeunes femmes au chapitre de l’accès, de la qualité, de l’usage et du bien-être et d’analyser également  comment l’inclusion financière des femmes et des jeunes permet à ceux-ci de profiter des possibilités d’entrepreneuriat, et en particulier les microentreprises en démarrage; enfin, ce sera l’occasion de déterminer et d’évaluer l’efficacité des initiatives actuelles d’inclusion financière et leur succès ou leur échec relatifs dans l’atteinte des objectifs fixés.

Les banques centrales jouent inévitablement un rôle crucial dans la mise en place d’un environnement propice à l’accès aux services financiers. Il leur revient de trouver le juste équilibre entre accès aux instruments financiers et protection des banques contre l’instabilité et les risques… Au-delà des banques centrales, les pouvoirs publics sont chargés d’établir les lois et les réglementations qui encouragent à la fois le développement du secteur financier et l’inclusion financière. Les réglementations sont particulièrement importantes, par exemple des éléments de base tels que les documents à présenter pour ouvrir un compte. Des clients potentiels pourraient être exclus s’ils doivent fournir une adresse fixe ou une preuve d’emploi dans le secteur formel. Les innovations technologiques telles que les services financiers modernes exigent des réglementations particulières. Les banques centrales peuvent jouer un rôle fondamental en ce qui concerne bon nombre de ces points.

Distingués participants,

Comment parler d’inclusion financière, si l’agent économique ne peut pas être identifié, n’a pas d’adresse connue et se trouve dans l’incapacité d’accéder à des institutions financières ? Pour permettre aux couches les plus défavorisées de la population d’avoir accès aux produits financiers de base, il nous faut abandonner les sentiers battus et adopter des solutions innovantes. Il est donc nécessaire de profiter des opportunités offertes par les services financiers numériques pour booster l’inclusion financière. Depuis quelques années, les établissements financiers, en plus, des compagnies de téléphonie mobile recherchent de plus en plus à conquérir de nouvelles parts de marché et deviennent de plus en plus actives dans l’inclusion financière numérique. A cet effet, les Banques Centrales se trouvent aujourd’hui au carrefour de la technologie et de la finance et sont appelées de par leur rôle de régulateur financier à accompagner, à mettre en place les garde-fous et parfois à prendre l’initiative en vue de l’expansion de tout secteur stratégique de l’économie. L’économie numérique est aujourd’hui un vecteur de croissance, de productivité et de compétitivité des entreprises et des pays. Son impact sur l’inclusion financière à travers l’évolution rapide des services financiers numériques destinés aux populations vulnérables vise à assurer le plus large accès possible à l’épargne, au crédit et à d’autres produits et services financiers dans le but de réduire la pauvreté et l’inégalité de revenus pour favoriser une société financièrement et économiquement plus inclusive. L’accès est seulement un premier pas vers l’inclusion financière. Nous voulons que tous puissent devenir des acteurs à part entière du système financier et non pas seulement des consommateurs. Nous voulons que tous, du plus simple cultivateur au plus sophistiqué des entrepreneurs, deviennent des contributeurs à l’économie et au développement de nos pays. Pour que tout un chacun puisse vraiment profiter des fruits de la croissance et de l’inclusion financière, il faut que nous arrivions à réduire les limites liées très souvent au sexe, au niveau d’apprentissage, aux défis de l’analphabétisme et à la carence d’infrastructures.

Mesdames et Messieurs,

L’éducation financière et l’accès aux services financiers innovants sont étroitement liés. En permettant à tout un chacun de mieux comprendre les notions financières de base et les différentes possibilités et services financiers proposés par les institutions financières, elle favorise la prise de décisions éclairées et participe à la protection des consommateurs.

L’éducation financière peut être vue comme un outil de lutte contre l’exclusion financière et la pauvreté. Si l’exclusion financière est parfois le fait des institutions financières, les facteurs comportementaux et psychologiques sont souvent les principaux obstacles à l’ouverture de comptes bancaires. Des études ont montré que les programmes d’éducation financière accroissent à la fois le nombre de personnes qui épargnent et le montant moyen de leur épargne.

Mesdames et Messieurs,

Notre tâche consiste à veiller à ce que l’inclusion financière donne des moyens d’agir aux individus, aux familles et aux petites entreprises, en particulier dans les communautés pauvres, parallèlement à des systèmes financiers qui fonctionnent bien et qui peuvent leur donner du pouvoir et renforcer les économies.

Je suis sûr que nous examinerons certains de ces sujets plus en détail pendant ces deux (2) jours.

C’est vrai que les défis sont énormes, mais je reste persuadé, que si chacun de nous y met du sien, nous arriverons à bâtir une société plus juste et plus inclusive.

Je saurai terminer sans remercier nos invités venus de l’étranger qui ont bien voulu faire le déplacement pour Conakry pour honorer de leur présence cette table ronde.

Je vous souhaite de très bonnes journées d’échanges et de travaux.

Je vous remercie.


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